119 parlementaires européens dénoncent les « failles » du système d’évaluation des pesticides

L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) est sous pression. Dans une démarche inédite, 119 parlementaires européens dénoncent « les failles » du système d’évaluation des pesticides et lui demandent de revoir ses procédures pour en finir avec des « pratiques toxiques ». Un courrier argumenté d’une dizaine de pages, que Le Monde a pu consulter, a été envoyé à l’EFSA, jeudi 25 février. Une première étape qui pourrait aboutir à une saisine de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) si l’autorité n’apporte pas de réponse jugée satisfaisante dans un délai de deux mois.

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Parmi les signataires, on retrouve les ténors de la gauche française – le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, le patron du Parti socialiste (PS), Olivier Faure, ou encore le député européen Europe écologie-Les Verts, Yannick Jadot –, mais également l’eurodéputé La République en marche Pascal Canfin et des eurodéputés allemands, belges ou espagnols appartenant au courant écologiste et à la gauche.

L’eurodéputé (PS) Eric Andrieu est l’un des élus à l’initiative de la missive. C’est lui qui avait présidé, entre 2018 et 2019, la commission d’investigation sur le processus d’évaluation des pesticides en Europe (commission PEST), mise en place après le scandale des Monsanto Papers. « Dans nos travaux, nous avons pointé tous les défauts et limites de la procédure d’évaluation des pesticides (indépendance, ressources, transparence…). Or, rien n’a bougé. Je suis très heureux de cette initiative pour qu’enfin les choses changent », explique celui qui milite depuis des années pour l’interdiction du glyphosate.

Evaluer « avant la mise sur le marché »

La démarche des parlementaires donne un virage politique à la campagne « Secrets toxiques » lancée par un collectif d’associations – dont Campagne Glyphosate France, Générations Futures et Nature & Progrès – après la publication, en octobre 2020, d’une étude scientifique montrant la présence de substances potentiellement cancérogènes (arsenic, plomb ou hydrocarbures aromatiques polycycliques) non déclarées sur les étiquettes de quatorze pesticides commercialisés en Europe et en France. Une plainte contre X avait été déposée en décembre 2020 devant le Tribunal de grande instance de Paris pour fraude à l’étiquetage, mise en danger de la vie d’autrui et atteinte à l’environnement. La campagne a reçu le soutien de 14 000 pétitionnaires.

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Dans le collimateur des parlementaires et des associations, la non prise en compte par l’EFSA des « effets cocktails » associés à la présence de ces composés toxiques en plus de la substance active des pesticides. « L’EFSA évalue uniquement la substance déclarée active par l’industriel et donc sans regarder son effet cumulé avec d’autres substances présentes dans le produit final, pointent les parlementaires. L’agence européenne affirme que ce sont les Etats membres qui évaluent ou réévaluent la sécurité de la formulation complète des pesticides vendus sur leur territoire. Ce n’est pas le cas aujourd’hui [en France] avec l’Anses [Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail] qui ne vérifie pas les effets à long terme de toxicité ou cancérogénicité des produits commercialisés. »

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via LeMonde

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