
Ne parlez surtout pas de dérégulation. Officiellement, ni le Trésor britannique, ni la Banque d’Angleterre, ni aucun des lobbys établis ne veut revenir à la période de la régulation douce du début du millénaire.
Mais après les difficiles débuts du Brexit – Amsterdam a ravi à Londres le rang de première place d’échange des actions européennes –, le gouvernement britannique multiplie les initiatives pour améliorer la compétitivité de la place londonienne. En marge de la présentation du budget, mercredi 3 mars, le chancelier de l’Echiquier, Rishi Sunak, a salué un rapport qu’il avait commandé à Jonathan Hill, un ancien commissaire européen britannique aux services financiers. Celui-ci présente une série de mesures pour mettre en place « une application intelligente » des normes internationales, afin de permettre à la City d’être « plus réactive » et « plus flexible ».
« Améliorer notre position »
« Après une longue période, liée au Brexit, où Londres et les services financiers étaient sur la défensive, nous (…) avons l’occasion de nous remettre à améliorer notre position en tant qu’un des principaux centres financiers au monde », estime M. Hill. Il propose que la Financial Conduct Authority (FCA), le régulateur britannique, soit désormais obligée de prendre en compte la compétitivité de la City quand elle développera ses règles.
Le cœur du rapport de M. Hill consiste en une grande réforme des règles boursières. Depuis 2015, Londres n’a attiré que 5 % des introductions en Bourse. M. Hill suggère d’autoriser notamment d’avoir deux classes d’actions différentes (les fondateurs de l’entreprise peuvent avoir une classe privilégiée, qui leur donne plus de droits de vote) sur le principal marché de la Bourse de Londres, ce qui est interdit aujourd’hui. Il veut aussi ouvrir la voie aux Special Purpose Acquisition Companies, qui sont des coquilles vides introduites en Bourse, avec l’objectif de réaliser des acquisitions. Il souhaite, enfin, alléger les « prospectus », ces volumineux documents dévoilant l’état financier d’une entreprise avant sa mise sur le marché.
via LeMonde