Covid-19 : Israël reprend vie avec le passeport vert

Terrasses de cafés à Jérusalem, le 9 mars 2021, réouvertes aux clients détenteurs d’un passeport vert.

Au Lima Lima, bar et club gay de Tel-Aviv, des danseurs traînaient fort tard, lundi 8 mars, des amis se donnaient l’accolade, tous masques tombés, mais on n’a pas vu un seul couple s’embrasser à pleine bouche. La vie reprend partout en Israël, fruit d’une campagne de vaccination d’une rapidité unique au monde. Pourtant le Covid-19 impose encore certaines pudeurs, qu’il revient à chacun de lever peu à peu.

Depuis dimanche 7 mars, les bars et les restaurants, les hôtels et les halls de mariage, les établissements sportifs et culturels, comme les entreprises, rouvrent. Dernière étape d’une levée graduelle de confinement, chaque activité se voit imposer une jauge limite d’assistance, selon des critères complexes – pour les collèges, ce n’est qu’à temps partiel et pas dans les villes les plus contaminées. Il est doux cependant de parcourir les boulevards de Tel-Aviv et de prétendre comme tout le monde que l’épidémie est derrière nous.

Frontières invisibles

Comme tout le monde ou presque : seuls sont autorisés à s’attabler en salle les détenteurs d’un certificat de vaccination ou de guérison. Le sésame est matérialisé par un code QR ou une animation sur smartphone, par un simple document pour les étrangers. Lundi, 54 % des Israéliens avaient reçu une première dose de vaccin Pfizer, et plus de 42 % une seconde. Israël a aussi commencé à vacciner les 115 000 travailleurs palestiniens employés légalement sur son sol et dans les colonies, alors que les territoires connaissent un regain massif de l’épidémie.

Au Lima Lima, il y a encore des frontières invisibles : entre la rue et le bar, où le videur vous fait entrer prestement, parce que des policiers arrivent – quand bien même ils n’ont rien à y redire. Entre la salle de danse, réservée aux vaccinés, et le bar à ciel ouvert, où une dizaine de bouteilles à peine sont alignées derrière le comptoir. Le patron, Gilad Dubinowski, 30 ans, n’a pas refait les stocks. Il a rouvert avec un tiers de ses anciens employés : les autres n’ont pas répondu à ses appels. « Comment les blâmer ? Ils se sont fait une autre vie depuis un an et je ne peux rien leur promettre », dit-il. Nombre de travailleurs toucheront des indemnités de chômage dues à l’épidémie jusqu’en juin : ils n’entendent pas y renoncer trop vite.

Une petite centaine de clients – la limite pour un espace de danse où l’on sert de l’alcool – a rejoint cette soirée hip-hop prisée avant l’épidémie. Il y a ceux qui se laissent aller sans mesure, comme Keren Or, 22 ans : « La vodka et la musique à la maison, c’était pas pareil. Et puis tout va refermer dans deux semaines, pour les fêtes de Pessah », craint-elle. Il y a aussi ceux qui se tiennent au bord de la piste de danse et les nerveux qui s’abandonnent quand même. « Depuis un an, il n’y avait plus vraiment de vie gay à Tel-Aviv. J’ai bien vu quelques garçons, mais j’avais peur de contaminer ma famille et je n’ai pas recommencé à draguer », dit Amit, économiste de 31 ans.

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via LeMonde

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