
C’est l’histoire d’une régression, comme il en arrive ailleurs. Longtemps, le Parti républicain américain, s’est présenté comme une grande maison – une « grande tente », disait-on, par goût du plein air. Plusieurs tendances y cohabitaient : le compromis passait pour une qualité politique. C’est fini. Le Parti républicain, l’un des piliers de la démocratie américaine, se comporte, depuis plusieurs années déjà, comme une secte : il veut exclure les non-croyants.
La présidence de Donald Trump a accentué cette dérive. On dira qu’il s’est trouvé, samedi 13 février, sept sénateurs républicains pour voter la destitution de Trump, au motif que celui qui était encore président le 6 janvier a inspiré l’assaut lancé ce jour-là contre le Congrès des Etats-Unis. Il aurait fallu dix voix républicaines de plus pour condamner l’incendiaire et le rendre à jamais inéligible.
Dans une partie de la hiérarchie républicaine, la révolte anti-Trump gronde. Sans doute trop tard. A l’ombre des palmiers de Mar-a-Lago, son refuge hispano-mauresque de Floride, Trump compte son magot – soit 175 millions de dollars (145 millions d’euros) de donations politiques à sa disposition, dit le New York Times.
Il va s’en servir pour punir les dissidents républicains, ceux qui ont osé voter sa destitution ou ceux qui, en janvier, ont entériné la victoire du démocrate Joe Biden – que Trump, sans le début d’une preuve, a qualifiée de « vol ». Trump financera des candidatures contre les « traîtres » lors des primaires républicaines de novembre 2022. Le chef exige allégeance à sa personne, comme dans un culte religieux.
Tournant intégriste
Pour l’heure, une majorité d’électeurs républicains se dit toujours fidèle à Trump. « Le Parti républicain est à Donald Trump et à personne d’autre », lance Marjorie Taylor Greene, nouvelle élue républicaine de Géorgie, ex-membre de la secte QAnon – un groupe de suprémacistes blancs qui défend une thèse originale : Trump aurait été choisi par Dieu pour combattre un complot mondial ourdi contre l’Amérique par une bande d’adorateurs de Satan pédophiles réfugiés au sein du Parti démocrate. Trump n’a jamais dénoncé la secte QAnon. L’élection de Taylor Greene est un marqueur dans l’évolution du parti : d’Abraham Lincoln (1809-1865), premier président du Parti républicain moderne, à QAnon… Que s’est-il passé ?
Trump est venu apporter sa « touche » aux « valeurs » défendues par le parti depuis les années 1980 : conservatisme sociétal à forte tendance religieuse, défiance à l’adresse de l’Etat fédéral, désarroi devant la montée des minorités ethniques, méfiance à l’égard de la science (climat, vaccins, théorie de l’évolution), le tout porté par un patriotisme revendiqué haut et fort, justifiant un soutien sans faille au budget de la défense.
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via LeMonde