
Les ministres de la défense de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) vont désormais « se concerter, évaluer, se coordonner » sur l’Afghanistan. Un maintien au pouvoir de Donald Trump aurait sans doute signifié le retrait des 2 500 soldats américains encore présents dans le pays, dans le cadre de la mission Resolute Support, mais son successeur, Joe Biden, a décidé de réévaluer l’accord conclu, en février 2020 à Doha, entre l’ex-administration républicaine et les talibans. Il prévoyait le départ des Américains et de toutes les troupes étrangères – soit 9 600 soldats au total – au 1er mai.
Et même si « aucun allié ne veut rester plus longtemps que nécessaire », comme l’affirme le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, tous devraient donc demeurer en Afghanistan au-delà de la date butoir. M. Stoltenberg ne fixe aucun nouveau délai, mais appelle à la réduction des violences et promet au pouvoir afghan de l’argent jusqu’en 2024. Quelque 1 000 milliards de dollars (827 milliards d’euros) auraient été dépensés depuis vingt ans pour tenter de sécuriser et stabiliser le pays.
Agenda américain
L’indécision de l’OTAN n’est pas sans conséquence : le flou du calendrier de retrait aggrave l’incertitude des pays engagés sur le sol afghan, alors que plusieurs chancelleries sont déjà prêtes pour une fermeture de leurs ambassades dès l’été. Lors des rencontres entre diplomates européens à Kaboul, certains Etats, comme l’Allemagne, ont exprimé leur inquiétude sur la possible « mise en danger » de leurs personnels civils et militaires encore présents.
Jens Stoltenberg ne nie pas ce danger. « En restant, nous risquons de voir les violences augmenter », convenait-il jeudi 18 février au soir, ajoutant que toutefois, « si nous partons, nous risquons de voir le pays redevenir le refuge du terrorisme international ». Conclusion du Norvégien : « Le dilemme est compliqué. » Et de promettre que l’Alliance mettra « tout en place » pour éviter à la fois un regain de violence et une présence sans limite dans le temps.
Les membres de l’OTAN qui disposent de troupes sur place – la France s’est totalement retirée depuis 2014 – savent que l’armée américaine a besoin de quatre-vingt-dix jours pour quitter le pays. Or, ces forces sont tributaires de l’agenda américain et de l’accord de paix de Doha, fixant un cessez-le-feu jusqu’au 1er mai : le rôle des Etats-Unis dans la logistique, les transports et la protection aérienne est prépondérant.
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via LeMonde