La Chine renforce son contrôle sur Hongkong

A  Hongkong, le 5 mars.

Le nouveau principe selon lequel « seuls des patriotes peuvent gouverner Hong­kong » ayant été exprimé en janvier par le président chinois Xi Jinping lui-même, personne n’a été surpris à Hongkong d’entendre, à l’ouverture vendredi 5 mars au matin de l’Assemblée populaire chinoise à Pékin, l’annonce de réformes dans le but « d’améliorer le système ». Il s’agit autrement dit d’éliminer de la vie politique ­hongkongaise tout opposant au gouvernement local et tout détracteur du parti communiste chinois. Le principe de patriotisme annule et remplace l’un des principes fondamentaux de la Basic Law, la miniconstitution de Hongkong qui stipule pourtant très clairement que « Hongkong sera gouverné par des Hongkongais », sans aucune mention de leur affiliation ou loyauté politique.

Peu après l’intervention introductive du premier ministre Li Keqiang, Wang Chen, vice-président du comité permanent de l’Assemblée, a abordé Hongkong plus en détail. Il a confirmé qu’il fallait en réformer le système électoral, afin d’assurer « la gouvernance de Hongkong par les patriotes ». Un terme qui, pour le Parti communiste chinois, signifie reconnaître la prééminence de son pouvoir. En 2019, 1,6 million de Hongkongais avaient voté pour l’opposition lors des élections dans les districts. Sur 18 districts, 17 avaient été remportés par celle-ci. Jeudi soir, en présentant le programme de travail de l’ANP, Zhang Yesui avait déjà insisté sur le système « démocratique » propre à la Chine. « Le Parti communiste n’a pas d’intérêt spécifique. Il est au service du peuple. Le peuple dirige le pays », avait-il longuement expliqué.

Comité électoral verrouillé

Selon la presse hongkongaise, plusieurs changements radicaux sont prévus. Il semblerait que le rôle de l’actuel comité électoral dont les 1 200 voix servent à élire le chef de l’exécutif serait élargi et renforcé. Sa composition passerait de 1 200 à 1 500 voix, sans doute pour diluer les quelques voix prodémocratie présentes dans ce forum. Mais les conseillers de district, à 90 % issus des rangs de l’opposition, perdraient leurs voix au sein de ce comité électoral. Ils pourraient, toujours selon des sources citées localement, être remplacés par des élus au sein de diverses instances nationales chinoises.

Ainsi verrouillé, ce comité électoral aura également le pouvoir de valider la candidature des futurs députés et même d’en nommer « une relativement large partie » selon Wang Chen, le vice-président de l’Assemblée nationale populaire. La démocratie hong­kongaise sera en somme le privilège des heureux élus à ce comité électoral de 1 500 voix, dans lequel certains appelés ont d’ailleurs droit à plusieurs voix…

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via LeMonde

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