« La France dans le monde », portrait d’une puissance en trompe-l’œil

Livre. Il y a un siècle, le rôle et l’influence de la France sur la scène internationale allaient de soi. Exsangue, mais forte de sa victoire dans la première guerre mondiale, elle avait en bonne partie réussi à imposer sa paix à Versailles. L’Empire français couvrait 11 % des terres émergées, juste derrière le Royaume-Uni, l’éternel rival devenu le grand allié, qui en contrôlait 25 %. Sa place dans le monde globalisé et chaotique de ce début de XXIe siècle est en revanche moins évidente.

« C’est désormais une puissance devenue moyenne qui aime à disserter sur son propre déclin avec un penchant affirmé pour l’autodénigrement ou l’insatisfaction », relève Frédéric Charillon, politiste et spécialiste des relations internationales. Dans la préface, il se demande même avec ironie si un tel ouvrage sur la « France dans le monde » a encore sa raison d’être dans la collection qu’il dirige aux éditions du CNRS, consacrée aux grands acteurs de la scène internationale comme les Etats-Unis, la Chine ou la Russie.

Un « rapport familier à la guerre »

En fait, la France compte beaucoup plus dans la géopolitique mondiale que ne le justifierait sa population ou son PIB. En effet, elle dispose de l’arme nucléaire et d’un siège de membre permanent au Conseil de sécurité de l’ONU, désormais seul Etat membre de l’Union européenne (UE) dans ce cas.

Sa langue, grâce à la démographie africaine galopante, est en passe de devenir la troisième la plus parlée au monde. Son réseau diplomatique demeure le troisième au monde derrière les Etats-Unis et la Chine, et il tient à conserver sa vocation universelle. En outre, l’armée française est la seule en Europe à avoir de réelles capacités de projection.

Frédéric Charillon souligne l’importance dans la mémoire collective française d’un « rapport familier à la guerre » qui explique le soutien de l’opinion publique aux opérations militaires extérieures. A tout cela s’ajoute le rôle de pilier que joue la France, aux côtés de l’Allemagne, au sein de l’UE.

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Malgré de tels atouts, le message s’affaiblit. Clairement définie par de Gaulle, la ligne de conduite de la France – amie et alliée des Etats-Unis, mais pas alignée –, encore identifiable sous François Mitterrand et Jacques Chirac, « a fini par perdre en cohérence, devenant moins audible », note l’auteur. Cela n’est pas le moindre des défis. Une fois analysés, dans la première partie du livre, les déterminants politiques, sociologiques et économiques de la politique extérieure française, les divers contributeurs étudient aussi bien les difficultés du couple franco-allemand que la complexe relation avec le monde anglo-saxon, ou avec les nouveaux émergents.

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via LeMonde

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