
La crise du Covid-19 a renforcé sa visibilité mais cela fait quelques années que le concept de « souveraineté européenne » a émergé. Si François Hollande s’y référait déjà lors d’un discours devant le Parlement de Strasbourg, le 7 octobre 2015, Emmanuel Macron l’a largement popularisé, en en faisant le fer de lance de sa politique européenne.
Le 26 septembre 2017, quand il a présenté, à la Sorbonne, son projet pour refonder l’Europe, le président de la République a, à dix-huit reprises, prononcé le mot « souveraineté ». Et, depuis, il est rare qu’il parle de la construction communautaire sans l’évoquer. Quant à la chancelière allemande Angela Merkel, même si son camp reste largement hostile à cette thématique, elle a, ces derniers mois, donné quelques signes d’évolution. Et partout en Europe, y compris dans des pays à la tradition libérale bien établie comme les Pays-Bas ou la Suède, la « souveraineté » – industrielle, sanitaire, dans la défense, commerciale, etc. – s’impose dans le débat politique.
Dans ce contexte, deux fondations, Jean-Jaurès à Paris et Friedrich-Ebert à Berlin, ont souhaité mieux comprendre ce qu’entendent les citoyens lorsque les responsables politiques leur parlent de « souveraineté européenne », et comment, d’un pays à l’autre, ils en accueillent la perspective. Mardi 2 mars, elles devaient publier les résultats d’un sondage particulièrement éclairant sur le sujet, réalisé par Ipsos auprès de 8 000 citoyens répartis dans huit pays (France, Allemagne, Italie, Espagne, Pologne, Lettonie, Roumanie, Suède), qui rassemblent 75 % de la population de l’Union européenne (UE).
« Problème de réception »
Premier enseignement de cette enquête, le terme reste opaque pour bon nombre de citoyens. Quelque 29 % des sondés disent ne pas bien appréhender ce qu’est la « souveraineté nationale ». Ce pourcentage monte à 37 % quand on parle de « souveraineté européenne », et c’est en France et en Italie que l’expression suscite le plus d’incompréhension.
Sans doute parce que, contrairement à ce que l’on constate dans les six autres pays étudiés, une majorité des sondés y considèrent « qu’il est contradictoire d’employer les deux mots “souveraineté” et “Europe” ensemble », notent les sondeurs. L’institut Ipsos a également testé la notion d’« autonomie stratégique », chère à Emmanuel Macron, dont il s’avère qu’elle est encore moins lisible que les autres…
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via LeMonde