Préparer le Conseil de sécurité des Nations unies aux défis du XXIe siècle : c’était l’objet du débat de haut niveau qui s’est tenu, mardi 23 février, en visioconférence, entre New York et les capitales des membres du Conseil. Il s’agissait pour la Grande-Bretagne, qui préside le Conseil ce mois-ci, de montrer le consensus grandissant autour de l’idée que l’urgence climatique était une menace pour la sécurité collective.
Pour faire passer le message, le premier ministre britannique Boris Johnson a gardé son discours simple et percutant, tranchant avec les discours diplomatiques pas assez concrets des Nations unies : trop peu du grand public parvient à comprendre la corrélation directe entre crise climatique et conflits ou insécurité. « Je sais que certains pensent qu’il ne s’agit que de lubies vertes de quelques mangeurs de tofu qui aiment étreindre les arbres, inopportunes en politique et en diplomatie internationale, a d’emblée lâché Boris Johnson. Je ne pourrais pas être en plus profond désaccord. Quand allons-nous faire quelque chose si nous n’agissons pas maintenant ? »
Pour lui, c’est simple : le changement climatique cause « 16 millions de déplacés chaque année », ce qui encourage l’enrôlement d’hommes désœuvrés dans des groupes terroristes, le trafic humain, ainsi que le crime organisé. Même s’il touche en particulier l’Afrique, les effets se font ressentir partout − jusqu’en Europe notamment. Nombreux d’ailleurs sont les membres du Conseil à considérer ce constat acquis − et à le marteler les uns après les autres.
Emulation pour la COP26
Le débat, s’il n’a pas pu déboucher sur une résolution inscrivant dans le marbre l’étendue des prérogatives du Conseil, a eu au moins le mérite de montrer la Chine et la Russie de plus en plus isolées dans leurs positions conservatrices. Les deux pays sont peu désireux de voir le Conseil de sécurité intervenir dans ce domaine.
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L’envoyé spécial sur le climat chinois, Xie Zhenhua, s’est cantonné à décliner les mesures prises par Pékin pour lutter contre le changement climatique, se gardant d’établir tout lien politique. C’est son allié, le Vietnam, qui a précisé, qu’en aucun cas, le Conseil ne pouvait outrepasser ses prérogatives pour porter atteinte à la souveraineté des pays. Quant à Moscou, elle était la seule, mardi, à ne pas envoyer de haut représentant gouvernemental au débat, montrant un désintérêt certain.
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via LeMonde