
« C’est un jour noir pour la démocratie européenne », a tweeté, depuis Waterloo, le Conseil pour la République catalane, créé symboliquement dans la ville belge, où vit depuis 2017 Carles Puigdemont, l’ex-président du gouvernement régional catalan, accusé par les autorités espagnoles de détournement de fonds et de sédition. Ce dernier a été désavoué par ses collègues eurodéputés, mardi 23 février : la commission des affaires juridiques du Parlement européen s’est prononcée par 15 voix (8 contre et 2 abstentions) en faveur de la levée de l’immunité de M. Puigdemont, mais aussi de Toni Comin, ancien conseiller régional chargé de la santé, et de Clara Ponsati, ex-conseillère à l’éducation.
Le vote des membres de la commission est, dans pareil cas, secret et il s’est effectué, en outre, par voie électronique, du fait de la pandémie de Covid-19. Impossible, dès lors, de connaître la ventilation des suffrages, mais c’est plus que probablement une addition des voix des conservateurs du Parti populaire européen (PPE), des eurosceptiques du groupe des Conservateurs et réformistes (ECR), de l’extrême droite, d’une partie des élus du groupe libéral Renew Europe, divisé, ainsi que d’un certain nombre de sociaux-démocrates, eux aussi divisés, qui a fait pencher la balance.
« L’unité de l’UE en péril »
Le président de la commission, Adrian Vazquez Lazara, élu espagnol du parti libéral Ciudadanos et membre du groupe Renew Europe, avait, en tout cas, bataillé ferme pour obtenir la levée de l’immunité des trois Catalans. « Cela fait 7 ans que je suis eurodéputé et je n’ai jamais vu autant de pressions, d’intoxications, d’attaques personnelles et de mensonges pour entacher la commission, avec y compris une fuite du rapport préliminaire la semaine dernière dans un média espagnol, dans une volonté de déstabiliser la procédure », a-t-il assuré mercredi 24 février sur la Radio nationale d’Espagne (RNE).
L’eurodéputé espagnol du PPE, Esteban Gonzalez Pons, a quant à lui très vite manifesté, sur Twitter, sa satisfaction, indiquant que le Parlement européen ne pouvait devenir « un refuge assurant l’impunité à ceux qui s’en prennent à l’Etat de droit dans un pays membre de l’Union, mettant ainsi en péril l’unité de l’UE dans son ensemble ». Le parti d’extrême Vox s’est aussi félicité sur le réseau social qu’« un an de lutte au Parlement européen contre les putschistes commence à porter ses fruits ». Un commentaire qui a fait réagir l’eurodéputé vert allemand, Sergey Lagodinsky, pour qui « la joie du parti d’extrême droite (…) montre que j’ai voté correctement (avec la minorité). Je ne suis pas d’accord avec de nombreuses questions, M. Puigdemont. Mais ces poursuites sont politisées et disproportionnées ».
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via LeMonde