Pour la deuxième fois en moins d’un an, l’ambassadrice de l’Union européenne à Caracas doit faire ses valises. Isabel Brilhante a en effet été déclarée, mercredi 24 février, persona non grata par le gouvernement de Nicolas Maduro, qui lui a donné soixante-douze heures pour quitter le territoire vénézuélien. La décision de Caracas fait suite à l’adoption par Bruxelles d’une nouvelle série de sanctions contre des membres du gouvernement Maduro ou des proches de celui-ci, « pour leur rôle dans des actes et décisions portant atteinte à la démocratie et à l’Etat de droit au Venezuela ».
L’Union européenne a demandé à Caracas de reconsidérer l’expulsion de son ambassadrice, de nationalité portugaise. « Cette décision aura pour seule conséquence d’isoler le pays sur la scène internationale, a souligné la porte-parole du Service européen pour l’action extérieure, Nabila Massrali. « L’Union européenne est la bienvenue au Venezuela si elle respecte nos institutions démocratiques », a déclaré le président Maduro mercredi soir, à l’occasion d’une allocution télévisée, avant de lancer aux Européens : « Ou vous rectifiez ou il n’y aura, avec vous, plus jamais d’accord d’aucune sorte, ni aucun dialogue. »
« Il n’est pas exclu que le gouvernement fasse marche arrière, comme il y a huit mois », considère Hiram Gaviria, un ancien diplomate aujourd’hui dans l’opposition. Le 29 juin, le chef de l’Etat avait une première fois annoncé l’expulsion de Mme Brilhante, avant de revenir sur sa décision trois jours plus tard. A cette occasion, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, et le ministre vénézuélien des relations extérieures, Jorge Arreaza, avaient conjointement insisté sur « la nécessité de maintenir le cadre des relations diplomatiques, à un moment où la coopération entre les deux parties peut faciliter le dialogue politique ».
Soutien de Juan Guaido
Cette fois-ci, c’est à la demande du Parlement que le chef de l’Etat a agi. Lundi, en effet, l’Assemblée nationale – celle-là même que l’UE considère illégitime – demandait au président Maduro d’expulser Mme Brilhante et de « réviser l’accord de fonctionnement » de la mission diplomatique européenne au Venezuela. L’ancien président de l’Assemblée, Juan Guaido, a, lui, exprimé sa solidarité à l’ambassadrice européenne « qui a toujours manifesté son soutien aux droits de l’homme et à la démocratie ».
M. Arreaza a remis « en main propre » à l’ambassadrice sa lettre d’expulsion. « Nous le faisons parce que les circonstances l’exigent », a-t-il expliqué à la télévision, en rappelant que les mesures restrictives de l’UE visent au total cinquante-cinq hauts fonctionnaires et responsables vénézuéliens. « L’Union européenne et les Etats-Unis parlent de “sanctions” comme s’ils avaient l’autorité morale ou légale pour infliger une quelconque punition à des citoyens d’autres pays. Ils ne l’ont pas », a ajouté M. Arreaza.
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via LeMonde