Pérou : ouverture d’une enquête pour « torture » après le décès d’un jeune trans péruvien en Indonésie


Des manifestants demandent justice pour Rodrigo Ventocilla, jeune personne transgenre décédée sur l’île de Bali (Indonésie) quelques jours après avoir été arrêté pour possession présumée de « substances illicites » avec son mari, devant le bâtiment du ministère péruvien des affaires étrangères, à Lima (Pérou), le 26 août 2022.

« Justice pour Rodrigo. » Ces derniers jours, famille, amis et soutiens multiplient les rassemblements devant les bureaux du parquet de Lima, la capitale péruvienne, en quête de réponses sur les circonstances de la mort de Rodrigo Ventocilla en Indonésie, jeune homme transgenre, dont le corps a été rapatrié le vendredi 2 septembre. Une autopsie est en cours.

Rodrigo Ventocilla était un économiste brillant de 32 ans. Il poursuivait des études à la Kennedy School de l’université Harvard, aux Etats-Unis, et militait de longue date pour les droits des personnes trans. Il avait épousé Sebastian Marallano, jeune transgenre également, au Chili, fin mai (le mariage pour tous n’existe pas au Pérou) après sept ans de relation, avant que le couple s’envole en lune de miel en Indonésie, début août. Une destination d’où il n’est jamais revenu. Il est mort dans un hôpital de Bali, le 11 août, après avoir été détenu plusieurs jours en prison dans des circonstances encore troubles.

La famille accuse la police de transphobie tandis que les autorités indonésiennes indiquent que M. Ventocilla a été arrêté pour possession de stupéfiants. Le parquet péruvien spécialisé dans les droits humains a annoncé l’ouverture d’une enquête préliminaire, jeudi 1er septembre, pour « torture » contre des fonctionnaires péruviens et indonésiens, afin d’établir les responsabilités de ceux qui ont participé à la détention des deux jeunes époux. Le consul péruvien à Jakarta, Julio Tenorio Pereyra, est également poursuivi. Il est accusé par les familles de négligence, ignorant leurs appels à l’aide et se rendant à Bali seulement cinq jours après le premier signalement de détention.

« Ils ont été séquestrés, rackettés et torturés », a affirmé dans le quotidien péruvien El Comercio leur ami et porte-parole Luzmo Henriquez. La mère de Rodrigo, Ana Ventocilla, a par ailleurs confié au journal étudiant de Harvard, The Crimson, le 1er septembre, que les deux jeunes hommes avaient subi « des violences physiques et psychologiques ». Ajoutant : « Il y a des preuves de torture. »

Législation draconienne

Les faits remontent au 6 août, lorsque les conjoints arrivent à l’aéroport international de Bali par deux vols séparés. Rodrigo Ventocilla est très vite interpellé, lorsque les autorités butent sur « son document d’identité qui ne correspond pas à son identité de genre, indique Julio Arbizu, l’avocat des familles, au Monde. Cela l’a rendu suspect. » Les autorités fouillent ses bagages et découvrent des produits dérivés de cannabis, sous forme de pilules et de bonbons. Des produits pour lesquels Rodrigo possédait une prescription médicale.

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via LeMonde

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